L'argument
Aux limites du langage algorithmique de la danse d’élévation, art chorégraphique en lieu et place du signe de l’humain, auparavant faisons place à la plus innovante des danseuses Etoiles de sa génération, Wilfride Piollet, auteur des pages qui vont suivre extraites d’une conférence-démonstration commandée par la Cinémathèque de la Danse (Paris), donnée et interprétée par deux fois, d’abord à Caen en 1997, puis à l’Opéra Bastille, Paris, en 1998. Sur les traces des Dames blanches est donc une œuvre généreusement confiée à titre posthume par Jean Guizerix son mari, et leur fils Rémy. Qu’ils en soient tous deux chaleureusement remerciés à travers notamment ce préambule intitulé, rédigé en son temps : « La ballerine éthérée ou la cristallisation de la Chair » (1998), comme une révérence, un hommage à l’artiste-philosophe, sage-danseuse Etoile du Ballet de l’Opéra national de Paris, nominée en 1969, si tôt disparue.
Valérie Colette-Folliot (2022)
« Madame la duchesse de Bourgogne dansait très bien ; c’est ce qu’on dit... Peut-être était-elle déjà une Dame blanche. Parce que Littré dit : ‟Les musiciens jouent la musique, les peintres exécutent un tableau, mais les danseuses aiment danser”, j’ai choisi quatre thèmes pour suivre ces Dames blanches. Le premier chapitre, le merveilleux, est placé sous le signe de la lumière. Le deuxième, l’état de tendresse, je l’ai comparé à la transparence. Le troisième, la blancheur sera celle du lys. Et le quatrième, les gestes de l’envol, sera symbolisé par les plumes ».
Wilfride Piollet (1998)
L'extrait
« Sur les traces des Dames blanches fait signe et nous interpelle l’incorporel angélique. Parallèlement fait sens également la figure du héros-sauveur au cœur du labyrinthe là où se traduisent en nuées les danses sapientiales. A l’infini, l’orchestique beauté du geste se restitue par petits bataillons entiers à la clé de seigneuries qui ajoutent, face à facette, dans le même temps que s’ordonnance en kaléidoscope la noblesse de l’homme. Humanités chorégraphiques en acte et en puissance : jeu vitaliste-agrément social unique (…)
Toute tendresse, ceci : Justesse, Vérité, Absolu, Sagesse, et… l’amour, la danse, certes, mais,
pour la vie.
Valérie Colette-Folliot, Hommage à Wilfride Piollet (2022)
« Les mains sont en relation avec le cœur. Et la première position du vocabulaire classique n’est que le développement de cette relation au cœur. A partir du Romantisme, les bras continuent leur déploiement pour devenir des ailes. Ces deux positions extrêmes, au plus près du cœur et au plus loin vers le ciel, sont les mouvements les plus usités dans le répertoire. Mais quand après avoir volés, les bras se referment sur la poitrine, ils deviennent le geste même de l’embrassement, le geste même de l’amour. Ce geste, qui garde au fond du cœur celui qui le fait vivre et que cela fait vivre, c’est le geste même de la tendresse (…) Les Dames blanches, dans leurs aimantes métamorphoses, sont détachées de la terre, dans la plénitude de leur mouvement, leur vérité, une vérité telle qu’elle est une jouissance que rien ne peut éteindre. Platon ne disait-il pas : ‟De toutes les choses corporelles, ce sont les ailes qui participent le plus à ce qui est divin ” ? ».
Wilfride Piollet (Opéra Bastille, Paris, 1998) Sur les traces des Dames blanches
… « ‟lumière dans le Seigneur”. C’est enfin revêtir l’homme nouveau. La prédilection pour l’inaccessible, en quête d’identité. La figure évolue avec légèreté, sur pointes et en tutu, pour mieux incarner ce dépassement de soi, le désir. Et le corps dansant glorieux se magnifiant, ainsi la cristallisation de la Chair s’opère, faisant suite à la débâcle ».
Valérie Folliot, Introduction aux Dames blanches de Wilfride Piollet (1998)
Données techniques
Wilfride Piollet
Sur les traces des Dames Blanches
précédé d'un Hommage de Valérie Colette-Folliot
Essai
Collection Pointe
100 pages
Parution 15 décembre 2022
14 euros
ISBN 978-2-491991-08-1
ISSN 2427-0067