L'argument
Vanités infernales est le deuxième tome de la seconde trilogie de David R Belair écrite entre les années 2003 et 2009.
Vanités infernales est un deuil et un cri ; le constat de la fin d’une épopée lointaine et chevaleresque que fut une adolescence livrée à elle-même, tourmentée et passionnée, phénoménale.
Ce n’est pas tant le passé qui est narré que l’irrémédiable présent dans lequel plus rien ne vit sinon quelques simulacres d’espérance et des échecs bien réels.
C’est l’aveu de la disparition d’une exaltation intérieure intense, de créations multiples, de sensations géantes, de partages humains uniques et d’élévations spirituelles.
C’est le temps de la nostalgie, de la mélancolie, du mal de vivre, le temps de l’aquoibonisme, le temps de la solitude désirée et de l’esseulement indésirable, de la misère affective, de la pauvreté sociale, le temps du chaos.
Et puis c’est l’errance, le déracinement, la perte.
Mais tout au long du recueil, toujours, dans un mot, dans une phrase, dans le silence de la marge, malgré la peine, le désespoir, l’amour absent, les mauvais coups, demeure une conscience, une conscience du soi, de la richesse de ce qu’il représente, de sa force, de son amour, de ses possibilités infinis, comme un panache inextinguible, un regard, un geste, une pensée, une posture, une idée, qui se relève, qui résiste, qui brille, qui même perdante ou mourrante reste libératrice par sa superbe…car cette conscience personnelle, bien qu’elle voit vrai souvent et se trompe autant, cette conscience est universelle, est entière, elle fut honnête et elle venait tout droit d’un pays d’où l’on ne vient plus guère…elle venait du cœur.
C’est sans doute parce que l’auteur-poète est devenu auteur-guerrier pendant ces années difficiles et a hérité de la protection philosophique qu’offre la pratique des arts martiaux qu’il a survécu.
Cela n’est pas inscrit dans le livre, sans doute par pudeur, sans doute aussi car il n’était pas là question de lumière mais bien d’obscurité, sans doute aussi pour que le lecteur lui-même trouve en lui ce qui personnellement lui permet ou permettra de survivre quand tout l’abandonnerait.
C’est sur le ton du regret et du fatalisme, parfois romantique parfois incisif que David R Belair exprime la vision de son existence mais plus on s’avance vers ses mots, plus on s’en imprègne, plus on décèle finalement ce que le poète distribue réellement à ses lecteurs et au monde : un appel sans faux semblant, un appel à rester hommes et femmes libres, intelligents, et surtout un appel, le temps de ce passage sur terre, à prendre soin des uns des autres, à aimer tout simplement.
L'extrait
La fidèle
Nos bras s'étreignent autour du vide
Nos coupes sont pleines de solitude
De la fenêtre, heureusement
On distingue le ciel allongé au-dessus de nos têtes
Gris et blanc, songeur
Quelque part, il y a un homme seul allongé sur le gazon d'un parc
et qui contemple l'autre versant de ce monde
avec la même mélancolie
Certains croient que l'amour manque pour tous
Mais qu'en savent-ils réellement ?
Toi tu n'oublieras pas
Cette gamine qui te serra contre sa poitrine
et te fit alors bien plus de mal qu'une rouée de coups
Tu te croyais guéri
mais des larmes se formèrent encore au fond de ton abîme
La tristesse n'abandonne jamais
Elle est là
Prête à surgir, à tout instant
Prête à t'étreindre si tu la demandes
Elle est fidèle
Comme jamais ne l'ont été
Les promesses des compagnes anciennes
La tristesse
Ne se fout jamais de ta gueule
Elle a ses heures
Mais quand elle vient
Elle te donne tout
Et si tu n’es pas là, elle veille
Et le temps que la terre fasse un tour sur elle-même
Elle t’attendra sagement le cul posé sur le palier de ton coeur.
Données techniques
David R Belair
Vanités infernales
Poésie
Collection
Ouvre-Boîtes
98 pages
Parution en Septembre 2011
20 euros
ISBN : 978-2-919483-05-1