L'argument
Suite et fin de l’Eternité retrouvée et Vanités infernales,
Au delà la nuit sonne le glas d’une décennie de réécritures poétiques instinctives, écorchées, exaltées.
David R Belair clôture cette seconde trilogie par une écriture soulagée. Entre prose et vers libres l’écrivain
retrouve la liberté de composer après la dictature du désespoir narrée dans le second tome.
Le poète ne décrit plus l’urgence de vivre. Il retourne comme à ses plus beaux souvenirs, de manière presque
apaisée. La lucidité l’a emporté sur les espoirs vains.
Quand bien même cela ne serait qu’une illusion, l’auteur en rendant hommage à ces plus nobles paysages, à ces
plus ardentes exaltations, à ces aspirations salutaires, semble avoir trouver de nouvelles correspondances. Le
dernier poème est une invitation, même si elle semble se faire en aparté du monde, son programme d’ascétisme
et d’enrichissement spirituel laisse présager de belles perspectives.
Les promesses ont été tenues, le poète a bravé les épreuves et ses visions et valeurs lui ont permis de trouver
une nouvelle voie plus lumineuse.
La transformation a eu lieu sous nos yeux et pourtant nous n’avons rien vu, à moins qu’immédiatement nous
retournions aux origines, au premier tome pour refaire le chemin et mieux comprendre.
Comme la généreuse invitation à se donner à soi même un sens à la vie, dessiner une voie, avancer, tenir bon,
se transformer, maintenir le cap, se dépasser, s’élever et être heureux un jour, au gré du pire et du meilleur, de
sa vie.
L'extrait
La dernière fois
La dernière fois que l’on s’éloigne d’un être aimé. Cette dernière
fois. Toutes ces dernières fois. Toutes ces dernières fois
comme autant de paysages éclipsés furtivement derrière la vitre
d’un train. La dernière fois que notre cœur bat avec ivresse,
avec gaieté, avec nonchalance. La dernière fois que notre peau
ressent une présence dévouée. La dernière fois que les yeux
vides regardent le téléphone puis l’horloge. La dernière fois
que le front de l’homme seul salue la foule. La dernière fois que
le front de l’homme seul embrasse l’océan.
Calmement, avec certitude et résignation, il faut bien lutter
contre les paroles que nous commettons, contre les actes que
nous confessons et qui ne nous appartiennent pas et qui occupent
illégitimement notre cœur. Il faut parfois beaucoup de
temps pour puiser au fond de soi, tout au fond de ses expériences
et de sa volonté nouvelle pour se confronter à ses pulsions
capricieuses, spontanées et ravageuses qui font le chemin
vers lequel nous nous dirigeons et que nous voulons éviter.
Peut-on appeler raison ce qui déborde du cœur ? Non ! N’est
ce pas, à l’inverse, ce qui déborde de la raison que l’on pourrait
appeler foi ou folie ? Ce qui déborde du cœur s’appelle foi ou
désespoir. C’est avec la foi ou l’énergie du désespoir que l’on
peut, seul, enfin refuser la fatalité de nos actions. Ce qui est dur,
c’est de chaque jour, chaque nuit, poursuive le chemin de sa
volonté nouvelle et ce malgré la tentation de retourner à l’autre.
Voir l’autre, ne pas le voir, ne pas l’appeler, ne pas répondre,
penser à lui, essayer de ne pas penser à lui...ce qui est encore
penser à lui... Se souvenir, ne plus se souvenir. Le drame
lorsqu’on rencontre l’amour, ce sera toujours de le perdre un jour.
Données techniques
David R Belair
Au delà la nuit
Poésie
Collection
Ouvre-Boîtes
136 pages
Parution en Octobre 2015
20 euros
ISBN : 978-2-919483-36-5
ISNN : 2112-8820