
Biographie
Jessy Ducreux, docteure en arts, diplômée d’un master en philosophie et en anthropologie, pratique la vidéo. Or, à la demande de Leslie Henfrey-Smith danseuse-chorégraphe, j’expérimente avec elle la captation d’un spectacle de danse sans aucun parti pris esthétique autre que l’enregistrement le plus objectif possible, du point de vue de l’art vidéo.
Le fait de n’exprimer aucune intention dans cette relation à mon objet filmique, et, le fait d’exécuter un choix de cadrage adapté à une visibilité optimale du spectateur, dans une salle de spectacle, rend, à mon sens, l’outil vidéo inconsistant quant à la subjectivité du réalisateur ; le filmeur étant alors relégué au statut de témoin qui se suffit à regarder sans s’impliquer davantage que cela dans le résultat final. Ce constat a donc été l’élément déclencheur de mon projet de recherche, initialement intitulé La danse contemporaine à l’épreuve du cinéma et de la vidéo : quels regards pour quelles expériences ?, dont la thèse a été soutenue à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, en 2017.
De prime abord, la question principale de cette union vidéo-danse portait sur le vocabulaire de la danse à l’exemple des verbes de danse : sauter, tressauter, bondir, porter, étirer, pousser, débouler, croiser… qui indiquent une action au même titre que ce qui se joue dès lors que le moteur de la caméra tourne selon le registre des arts de la scène où les comédiens, et plus tard les acteurs, de même que les danseurs ensuite, affirment une présence qui se développe sous forme d’action segmentée et opérative pour l’intelligibilité du spectateur.
Voulant exprimer cette action de la danse par le biais de la caméra, de manière à ce que les verbes de danse soient proches, voire identiques à ceux du médium vidéo – de fait, si le corps du danseur avait à tourner, la caméra aurait, elle aussi, esquissé un tour en suivant le mouvement de la danse –, cela demandait à sortir des limites du vocabulaire narratif et plastique du cinéma et de la vidéo, afin de s’étendre au vocabulaire chorégraphique en essayant de trouver un langage commun ou, du moins, équivalent. Ainsi, en me dirigeant vers une unité de la danse et de la vidéo, mon travail de recherche met en avant ce qui leur permet de s’unir sous la forme d’un seul médium artistique.