L'argument
Jean-Pierre Klein, l‘auteur de cette pièce est psychiatre d’enfants et d’adolescents et à ce titre
dépositaire de souffrances de la part de ses patients et de leurs familles. Il est un précurseur
dès 1973 de l’art-thérapie en France.
Depuis les années 85, le « Théâtre de la Réminiscence » est en outre un dispositif où une
personne confie un souvenir qui l’a marquée dans sa vie à une troupe de comédiens formés qui les lui joue sous sa direction, y compris son rôle qu’elle a distribué.
Il fallait pour Jean-Pierre Klein réceptacle de toutes ces expériences ajoutées à ses
implications sociales et humanistes, trouver pour lui-même son art-thérapie en quoi a
constitué l’écriture théâtrale afin que le refuge littéraire dans la fiction lui serve d’exutoire.
Son écriture a été en l’occurrence celle d’un coryphée porte-parole de toutes les confidences
que lui ont faites des femmes et quelques hommes à propos de leur enfance offensée par des
violences sexuelles, depuis le regard lubrique, les propos humiliants, les attouchements, aux
pénétrations, aux viols à répétition. Leur crudité l’a autorisé à les transposer dans la violence
verbale comme réparatrice a minima de violences réelles terribles, voire épouvantables. Il a
bâti une intrigue dramatique, conforme à ce que certaines avaient essayé d’obtenir : la
prévention sur une enfant d’une récidive de la part du violeur. Lénifier aurait été une trahison
de toutes ces confidences. Il faut dire qu’il a consacré l’essentiel de son œuvre fictionnelle à
tenter de traiter ce qui lui faisait mal par empathie dans ses expériences personnelle ou
professionnelle comme pour les sublimer dans la création. C’est ainsi que son œuvre
dramatique et romancée traite de sujets tels que euthanasie active et passive, exploitation des
enfants, accouchement sous X, eugénisme négatif, Alzheimer, entrée en démence, réaction
aux adolescents autistes, fin de vie, rapports créature/Créateur, travail de deuil, société du
spectacle, sectes, montée du fascisme, cruautés inapparentes, sentiments inavoués,
affleurement de refoulés, mal sous couvert de bien, manipulations innocentes ou non,
assumées ou secrètes, bonne conscience, maltraitance… Ses pièces ont été entre autres mises
en scène par Philippe Adrien, Michel Laliberté, Anne de Broca, Pierre Chabert, …
Voici ce qu’en dit Robin Renucci :
« Le 20 mars 2020, quatrième jour de confinement.
Cher Jean-Pierre,
[…] J’ai donc découvert ce « drame de famille » et je dois avouer qu’il est bouleversant. […]
Oui, c’est un drame que tu réussis à nous faire partager de l’intérieur, une histoire dont tu
rends toute la complexité, toute l’étrangeté. Merci de nous faire entrer, sans explications, sans
lourdeurs, par la pure sensibilité, dans les méandres de ces caractères […] Ce qui est terrible,
c’est que la victime devient l’accusée, comme souvent. Tu évoques tout cela avec une grande
efficacité théâtrale et surtout une grande force de vérité. Les souvenirs traumatiques, cet
étrange dédoublement de la petite victime, dédoublement qui à la fois la sauve
et la déforme. La renaissance enfin conquise : Irénée-Renée, deux fois née. C’est très
passionnant et ton expérience nous donne les mots justes. »
L'extrait
IRÉNÉE : Tu disais quand j’avais 6 ans 6 ans et demi : « Si tu parles je te tuerai » je
n’y comprenais rien non plus
PÈRE : Tu vois, tu ne prêtais pas attention à mes délires, je ne me rappelle plus avoir dit cette phrase, et puis c’était pas possible de la prendre au sérieux
IRÉNÉE : Tu as fait effraction dans mon enfance
PÈRE : Toi et ton goût des grands mots ! Tu exagères. Tu aurais pu être fière que je t’aime à ce point.
Données techniques
Jean-Pierre Klein
L'injure faite à l'enfance
Théâtre
Collection Coupe-papier
68 pages
Parution le 1 er Mars 2023
10 euros
ISBN 978-2-491991-12-8
ISSN 2426-3192