Une petite voix lui répète assez tôt : « Tu feras du journalisme, spécialité sport. » Il aime
en effet les mots et les exploits, les mots de l’exploit. Champion, champ de jeu, échange,
geste décisif et lignée d’arrivée… À lui les palmarès, les statistiques de la victoire. Toutes les
lignes de la gagne, il les suit et poursuit d’enthousiasme et de cœur. Sa jeune mémoire est
bientôt remplie de magazines, de journaux et d’illustrés ; comme un placard de ses trophées.
Mais c’est avant les maîtres, ces champions de la narration, avant les étapes des grands
livres, étudiés, parcourus et ralliés. Mais c’est avant de rentrer, plus tard, déjà sur ses dix-
huit ans, en romanesque, en lecture picaresque, pour grandir de mille fictions et épaissir
d’inoubliables personnages. Étourdi par le tutoiement de tant de sommets littéraires, rempli
de tant d’histoires, avec un sens de la vie plus ouvert, il sent le progrès de sa pensée et sa
langue qui s’affranchit et s’affirme. Dès lors, la petite voix, jamais bien loin des moments
décisifs, résonne pour l’avertir : « Pour écrire, tu écriras, mais il te faut forger ton style. »
Aussi fait-il le choix des régulières humanités en lettres, et prend-il le temps de noircir ses
premiers feuillets, billets d’humeur noire ou bleue, proses et mots en jeu, tous très bien
recueillis – et cachés – dans des carnets, qui se remplissent, s’empilent et tiennent la place.
Débutent ainsi un long travail d’atelier, de quête du signe d’encre de soi. Toutes ces années
de petits boulots d’été, de vécu en librairie, de vie professionnelle ancrée sur Paris.
Et soudain, la petite voix familière qui revient – qui aiguillonne autant qu’elle déconcerte
– pour livrer son message : « Maintenant que tu possèdes ta manière d’écrire, écris donc
plus grand que la vie. » À ceci qu’il prend pour un signal décisif, un tournant, comme une
permission accordée par on ne sait quelle instance supérieure, il répond en entamant une
collaboration avec l’artiste Jacques Riby. Ensemble, ils réalisent des livres de bibliophilie
contemporaine autour d’un projet de Radeaux en Loire. Avec l’aide du typographe Jean-
Jacques Sergent, deux tomes ont vu le jour : Vif Vivréclats et Dis, vaguer, c’est bien ?
Affermi dans ses choix d’écriture, plus confiant dans sa voix, Hubert Fréalle décide
d’embarquer seul vers ses souvenirs adolescents. Il en revient avec un tout premier recueil
intitulé Soudain la Nouvelle Artémis.
Vidéos
Poème d'Hubert Fréalle interprété par la troupe l'Echappée belle au salon Siel de Paris le 27 novembre 2011.
