L'argument
Je n'étais guère disposé aux mots. En 1992 une véritable déflagration se produit : alors que je rentre en classe de première, je me vois infligé comme professeur de lettres Christian Prigent, tout juste parachuté d'Allemagne. Prigent nous ouvre les portes d'une autre littérature : premières lectures de Lautréamont, Artaud, Bataille... Prigent devient, pour quelques uns, dans le secret de leur petite marmite, le grand iniateur : la nuit du corps, une certaine exigence formelle, un certain (non ?) goût des choses, du réel font pièce à la petite idylle d'une langue pleine, ronde, sans aspérité. A partir de ce moment, une nouvelle naissance lente, laborieuse, violente s'amorce. Les simulacres tombent, tout comme le rideau d'amour maternel, trop maternel. Une angoisse jusque-là diffuse, sans objet, sans projet, me talonne, me vrille le corps. Quelque chose se cherche, veut sa langue, autrement. En voici les prémisses.
L'extrait
Tu abrites
Aussitôt
l’endroit où le temps délaisse
Dans le mou
Jouisseur
de la pesée
l'instant fraîchement bu
avaler
libère le cou
précaire
du temps
car déjà naître
mourant
confessant
Données techniques
Alexandre Lemasson
Derrière le cri
Poésie
Collection Ouvre-Boîtes
82 pages
Parution en Mai 2013
20 euros
ISBN 978-2-919483-14-3