L'argument
Il n’a jamais été vraiment question ici de faire « du poème » comme on fait de la peinture. Ce n’est que de façon fortuite que ces cheminements sur le papier dessinent la forme d’une poésie.
Ici se joue avant tout l’intime nécessité de donner du sens, d’ouvrir et de dépoussiérer le monde. Ces traces ne sont que l’expression d’une quête, celle de rallier, penché sur son cahier, harmonie et paix.
Mais encore, au fil des mots s’affirme une autre quête : donner à entendre. L’autre n’est jamais bien loin. Vagabond, distrait, c’est pour lui que les mots noircissent le papier. C’est alors qu’ils revêtent la forme du poème, cette musique propre à capter l’auditeur.
Car oui, in fine, si ces courtes prières prennent usent de poésie ce n’est pas un hasard. La poésie éclaire la vie ou du moins en a-t-elle la volonté. Il faudrait juste respirer. Elle nous y invite.
L'extrait
Il pleut sur la centrale électrique
Le vent est tombé
Sur un tas d’imbéciles
La main en visière
Lorgnant sur la carrière
Les poissons se taisent
La biche a fait un nœud à son mouchoir
Elle pense à Dieu sait quoi
La petite cabane dans la forêt
C’est là que je me tiens
La tête aux quatre vents
Pareil à la futaie
La paix accordée de brume
Et de puits de lumière
Le chant des oiseaux, le vent, les branches
Qui craquent
Ne sont que contes du silence
Sitôt que je descends la sente
Que je passe la barrière
Je retrouve les ronds-points, les autos
La ville noyée de monde
Il pleut sur la centrale électrique
Données techniques
Alain Faure
La nuit du fourmilion
Poésie
Collection Ouvre-Boîtes
45 pages
Parution en Septembre 2017
10 euros
ISBN 978-2-919483-53-2