L'argument
La foudre tombe dès les premières lignes. A l’âge de 11 ans, Laurent Dugué perd sa mère, brutalement, dans un accident de la vie, au cours d’un séjour de vacances. Ce drame casse sa vie en deux .
Avant, un petit garçon malin grandit dans le cadre pittoresque de la charcuterie de ses parents, qui a été son terrain de jeux, et dans les rues du Bagnolet de la fin des années soixante, dont elle est un haut lieu. Il sait chiffrer son bonheur en unités. Au fil de maints épisodes décrits avec saveur, il se structure autour d’une passion pour la pêche, transmise par son père, et pour le football, dont les impressions fortes le conduisent du café enfumé de son club, le CA Montreuil aux grands stades de la couronne parisienne. Il ancre en lui la valeur de l’amitié.
Après, c’est la lutte, la lutte pour vivre sa fin d’enfance et son adolescence sans mère, pour échapper à la lente faillite de la boutique familiale, victime du déclin du commerce de proximité dans un Bagnolet qui se transforme, la lutte pour échapper à l’échec scolaire qui se dessine dans les conditions difficiles du CES local. Finalement il sera chirurgien.
Ce cadre, tous ces épisodes, les nombreux personnages qui les animent, sont racontés dans un style qui n’appartient qu’à lui, mêlant humour fulgurant, ironie, et une pudeur qui masquent sa tendresse ou sa douleur.
L'extrait
“ Tenez-le bien M. Dugué ”. Cette phrase est prononcée par Marie Thérèse, patronne de l’hôtel du Cheval Blanc, aux Rairies, dans le Maine-et-Loire, par une chaude nuit d’août. Les Rairies, 500 habitants, célèbre pour sa briqueterie. “ Tenez-le bien ”… “ Le ” en question est un gars de Baugé, un bled distant des Rairies de quelques kilomètres, et mon père doit le neutraliser pour que Marie-Thérèse, puisse lui coller des baffes. En bonne ambassadrice de la légendaire douceur angevine, elle a enlevé ses bagues pour ne pas faire de marque. La fête foraine avait pourtant bien commencé : buvette, stand de tir, buvette, autos tamponneuses sur fond de tube de l'été, buvette, loterie : “ les gagnants partent avec un gros lot, les perdants avec un cadeau”. Enfin, le standard de ce genre de festivité estivale. Assez tard dans la nuit, un de Baugé m'a bousculé, sans le faire exprès. Le vieux Joseph m'a relevé mais a perdu ses lunettes, et puis le gars de Baugé a sans doute eu un geste mal interprété par ceux des Rairies qui ont pensé : salauds de Baugé, d'abord ils s'en prennent à un petit de six ans et maintenant au vieux Joseph. Au départ, il devait y avoir un contentieux entre les deux villages. Et puis d'un coup c'est parti, au choix, en vrille, en brioche, en saucisse…
Données techniques
Laurent Dugué
8 rue Raoul Berton
Nouvelle et fiction
Collection Pioche
121 pages
Parution en Mars 2019
18 euros
ISBN 978-2-919483-62-4
ISNN 2118-0458
8 rue Raoul Berton de Laurent Dugué a été sélectionné pour le prix Hors concours 2020. [lien]